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Portrait d’ambassadeur :

Christian Pouyanne : une histoire, un état d’esprit, une culture locale.

« Je suis un industriel, pas un banquier ! Mentalement je ne serai jamais banquier. C’est ça qui fait la différence avec les autres banquiers localement ».

Christian Pouyanne est issu d’une vieille famille historique d’Orthez. Son arrière-arrière-grand-père quitte le Béarn pour Montevideo en Uruguay dans les années 1860, comme souvent à l’époque. Son arrière-grand-père fera le chemin du retour dans les années 1890, il se marie et se retrouve « fondé de pouvoir de la banque Tachoires. Il décide ensuite de reprendre la banque et de développer des réseaux. À l’époque, il y avait juste deux agences : Orthez et Salies-de-Béarn ». Il a fallu attendre 75 ans pour que naisse la troisième agence. « Mon arrière-grand-père n’a jamais souhaité développer la banque. C’était juste un outil, une banque d’affaires qui lui a permis d’acheter une papeterie, une usine de sabots et une centrale hydroélectrique sur le Gave d’Orthez. »

« Par la suite, il a racheté d’autres papeteries, a investi dans un fabricant automobile Motobloc à Bordeaux et avait même des hôtels, avenue Georges V à Paris. Il était très entrepreneur ! ». Il meurt subitement entre les deux guerres. L’entreprise industrielle est reprise par le père et l’oncle de Christian, qui lui permettent de se développer dans les années 60, 70 en passant à la fabrication du « carton ondulé ».

Christian intègrera les affaires dès la fin des années 70, début 80, multipliera les achats d’entreprises partout en France et montera le groupement européen Alliabox. Dans les années 93, 94 lors d’un voyage en Chine, il comprend « que le système de consommation va changer ». Il sait aussi que l’entreprise « n’a aucune valeur capitalistique, aucun intérêt pour la Bourse ». En 1998, il vend le groupe, devenu alors 3ème groupe français d’emballage en carton ondulé. « Nous étions passés de 250 à 1500 personnes entre le moment où nous avons repris l’entreprise et la vente du groupe ». Il négociera seul avec son frère, alors Directeur Financier. Son autre jeune frère David, patron de la banque, veut investir dans l’immobilier et lui propose de reprendre les rênes de la banque. Depuis, il gère la banque « un peu comme une industrie, avec des réflexes un peu différents ! Je connais tous les chefs d’entreprise de la Région, les gros comme les petits, comme je connais tous les politiques de tout bord, je cultive un système à part. Mon plaisir : discuter avec des chefs d’entreprise, je connais l’industrie, la stratégie, le management et la finance ».

La fratrie de 5 garçons a grandi à Orthez, il rencontre sa femme à Saint-Dominique à Pau et il vit aujourd’hui à Lons près de ses deux filles « j’ai tout fait pour que mes enfants restent ici. Surtout pas pigeons voyageurs. Aujourd’hui, dans le contexte actuel, je me dis que j’ai eu raison : je vois mes petits enfants ! »

David, son jeune frère, est à la tête du Groupe Essor immobilier qui fait 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Bruno vient d’intégrer lui aussi la banque. "On a toujours essayé de favoriser les développements familiaux." L’objectif de la banque c’est aussi de leur rendre service : David n’aurait pas pu monter son groupe sans le soutien de la banque familiale. La fille de Christian, qui dirige une entreprise dans les chocolats d’entreprises est soutenue aussi. Son cousin en Picardie qui a développé un groupe d’audioprothésistes sur toute la France et, en référence à l’arrière-grand-père, s’est installé à Montevideo, à deux agences sur le Pays Basque et dans le Béarn. Là encore, c’est Christian et son équipe qui s’en occupe.

Sa formation et ses premières expériences en disent long sur la pratique de son métier, ses valeurs, sa philosophie de vie. Le choix d’une école de gestion à Toulouse en alternance, « ce qui n’était pas à la mode à l’époque », lui convenait très bien, lui qui a toujours aimé être dans l’action, sur le terrain, dans l’entreprise. Son premier job fut formateur et peut faire sourire aujourd’hui : Délégué Régional d’une SCOP (Société coopérative dont les salariés sont associés majoritaires) à Limoges. Il s’occupait de coopératives ouvrières de production dont certaines étaient à Saint-Junien, à côté de Limoges dans le berceau de la CGT. Idéal pour apprendre comment affronter les Syndicats du livre. À Saint-Junien, plus tard, il a l’occasion de racheter une petite usine de cartonnage de 30 personnes et lors de l’inauguration avec le Maire, ce dernier le reconnaît sans le remettre. Il maitrisait déjà le « grand écart » entre dirigeant et militant.

Aujourd’hui, il est à la tête de la banque qui porte son nom, celui de sa famille. En local, la banque Pouyanne couvre trois départements 64, 65 et 40 et se place en deuxième position après le Crédit Agricole qui fait 60% du marché local. « Pour l’histoire, nous sommes deux banques dans le département, une basque et une béarnaise. La famille Pouyanne, béarnaise d’Orthez, protestante et la famille Inchauspé, basque de Saint-Jean Pied de Port, catholique. Même si on reste sur des histoires familiales, l’approche est forcément différente » (…) « Le Béarnais est têtu, grognon et battant. Il met les pieds dans le plat. Il est malin mais pas diplomate et paradoxalement il ne se met pas trop en avant. À la vente du groupe, comme il y avait beaucoup d’argent, les banquiers parisiens m’ont conseillé de partir en Belgique et en Suisse. J’ai refusé. J’ai payé à l’époque 25% de plus-value et je n’ai pas quitté ma région. Ça ne m’intéresse pas, j’étais dans cette logique familiale de rester ici. La vie c’est pas seulement de faire des calculs financiers ! »

« On ne cherche absolument pas à développer la banque. On la gère, bien certes, car on est passé en 16 ans de 10 millions d’euros de fonds propres à 32 millions, mais culturellement, on est « orienté entreprise ». Aujourd’hui, je fais de la banque, j’ai monté une filiale de cession d’entreprise, je suis Président du Club Adour Business Angels, aux côtés d’anciens chefs d’entreprises, mais aussi de jeunes, des gens hyper intéressants. Nous avons créé des sociétés de capital-risque et investi dans des Start Up locales ». Christian est sur tous les fronts, pourvu que ce soit grisant. C’est un ambassadeur, impliqué, engagé, fier de son territoire, de son parcours qui a toujours été présent dans les réseaux professionnels et impliqué dans des réseaux régionaux de soutien aux financements des entreprises, ce qui cela fera l’objet d’un futur article. C’est un relais incontournable du tissu économique béarnais.

 

 

CHRISTIAN POUYANNE, AMBASSADEUR DU BEARN