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Portrait d’ambassadeur :

Marianne Agulhon, « le canoë-kayak comme prolongement de soi»

Née au Maroc, arrivée en France à l’âge de 6 ans, sa famille s’installe à Vire en Normandie, puis son père prend un poste d’enseignant dans le Gard à Bagnols-sur-Cèze, elle y reste jusqu’au bac.

Dès toute petite, elle pratique le sport : 10 ans de danse, du tennis, du handball, de la natation mais c’est à 12 ans qu’elle découvre ce qui deviendra sa discipline de prédilection après un stage dans l’Ardèche. « Un mois plus tard, j’adhérai au Club de Bagnols-sur-Cèze. Ce qui m’a plu tout de suite, c’est d’être en contact avec la nature et la pratique en groupe, la vie collective. Nous logeons en camping ou en gite et sur l’eau, nous sommes toujours en groupe. Il y a aussi le contact avec l’eau : l’eau vive ou les vagues sur le visage, sont des sensations que j’aime bien ».

Sa première compétition à L’île sur la Sorgue était un slalom. « Cela faisait seulement deux mois que je pratiquais, c’était très marquant parce que c’était difficile. Il fallait retenir le parcours, élaborer des trajectoires, respecter les règles, ne pas toucher et surtout c’est un premier pas dans la compétition. En plus, on est tout seul au départ, donc il y a un peu d’enjeu ! ». L’esprit de compétition lui est venu en pratiquant, pour progresser. « Un peu comme un jeu : accomplir quelque chose, ou réussir un parcours, réaliser une bonne analyse pour mettre en place son projet ».

Après son bac, ses parents s’installent à Montpellier, elle choisit de faire STAPS à Grenoble pour l’option Canoë-kayak, « j’y ai rejoint un groupe d’entraînement étudiant. J’ai rencontré une athlète qui était déjà en équipe de France. C’était un club qui était tourné vers la compétition ». Après sa Licence, elle rejoint l’INSEP à Paris, « c’était le début des concours de professeurs de sport, j’ai pu m’inscrire à la deuxième session ». Dès l’obtention de son concours, elle s’installe à proximité du Gave de Pau : « le bassin de Betharram était “Le spot“ de l’époque, où on pouvait s’entraîner en eaux vives tout en bénéficiant d’une météo clémente. La base de Saint-Pé de Bigorre a accueilli beaucoup de stages et de compétitions ». Marianne décroche le titre de championne du monde en K1 par équipe en 1991. Après une interruption entre 1972 (à Munich) et 1992 (à Barcelone), le Slalom redevient discipline Olympique. « C’est l’une des plus regardées pendant les Jeux. Les spectateurs l’apprécient car c’est très visuel, mais il faut toujours de l’énergie et des efforts pour garder cette discipline au programme ». Marianne participe aux Jeux et se classe cinquième de la finale de K1 slalom. L’année suivante, elle est médaillée de bronze en K1 slalom au Championnat du monde.

Parallèlement à la compétition, elle effectue quelques missions pour l’INSEP sur le département des Hautes-Pyrénées et continue surtout à s’entrainer. En 1994, elle est nommée Conseillère Technique Régionale à la Direction Régionale Jeunesse et Sports. Elle travaillera avec Patrice Estanguet à la création du Stade d’Eaux Vives Pau Béarn Pyrénées. Aujourd’hui, elle participe à l’organisation de manifestations et notamment des Coupes du Monde et des Championnats du Monde. Appelée par la Fédération Internationale de Canoë, elle réalise le tracé d’environ deux compétitions internationales par an. Elle était notamment traceuse lors des Jeux Olympiques de Rio et Londres. Elle se déplace donc beaucoup en France et à l’étranger.

Selon Marianne, la force du Béarn pour le Canoë-Kayak, c’est son environnement exceptionnel, ses différents parcours naturels, ses rivières et son stade artificiel. Ce dernier « donne une lisibilité au sport qu’on n’a pas forcément quand on est au fond d’une vallée. Et puis il y a une navigation différente entre l’artificiel et le naturel. Avant en France, nous n’avions pas de bassin artificiel comme à Munich et donc, nous étions en difficulté lors des grandes épreuves ». Aujourd’hui, les Brésiliens, les Australiens peuvent venir s’entrainer pendant un mois en étant sûr « d’avoir un bassin toujours exploitable même si un kayakiste préférera toujours naviguer sur une belle rivière ». La force de notre Stade d’eaux vives est d’être proche du centre-ville « comme à Seu de Urgell à Barcelone où le bassin est collé à la ville. Les athlètes aiment pouvoir aller boire un café, se promener en ville, profiter de l’accueil dans les restaurants, apprécier la qualité de vie d’ici ».

Toute la vie de Marianne est liée à la pratique du slalom, du canoë-kayak. Sur trois enfants, les deux ainés sont déjà d’excellents compétiteurs, membres du Pau Canoe-kayak Club Universitaire ; son mari est entraineur national et Directeur des équipes de France. Lorsqu’ils ne s’entrainent pas, ne sont pas en déplacement, leur plaisir c’est de se retrouver en Béarn, profiter des vertus de la montagne, du Plateau du Benou, des gourmandises locales.

A défaut de retrouver toute la famille pour la 3ème édition de La Coupe du Monde de slalom à Pau qui aurait dû avoir lieu du 12 au 14 juin prochain, nous ne manquerons pas de les suivre au stade d’eau vive de Vaires-sur-Marne et de les soutenir aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.