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Portrait d’ambassadeur :

Sylvain Garms : baroudeur palois et citoyen du monde

Le baroudeur est un voyageur intrépide, un globe trotteur mais aussi un coureur qui cherche des « échappées ». Pas étonnant donc que Sylvain nous rejoigne à vélo pour nous présenter le lieu auquel il est très attaché familialement et qu’il développe avec énergie et enthousiasme depuis déjà plusieurs années : La Forge Moderne.

Né à Pau, il y a fait toute sa scolarité jusqu’à décrocher une maîtrise d’Histoire à la Faculté. Il voue une passion aux sports de « pleine nature » et pratique le VTT, le surf, le canoé, l’escalade, le ski de randonnée. « Naître ici est pour moi une chance ! Enfants, nous allions dans le refuge de mon grand-père en montagne à Bious-Artigues. Nous passions notre temps à gambader dans la montagne et à être imprégnés de cette philosophie, ces valeurs et ces envies de qualité, de grand air, de respect de l’environnement ».

Son arbre généalogique en est la preuve : son arrière-grand-père maternel était l’artiste peintre Henri Poublan, son arrière-grand-père paternel Jean Lalanne, a fondé les transports Lalanne en 1870. Sa maman était professeur de danse et son père entrepreneur. Sylvain est pétri de toutes ces influences.

En 2001, il part pour la Californie avec un visa de 3 ans, il fera plusieurs aller-retour, visitera d’autres pays, d’autres continents, pratiquera beaucoup de sports, toujours « outdoor », travaillera au Lycée Français de L.A, sera photographe. Imprégné de toutes ces cultures, chargé d’expériences diverses, emprunt d’écologie spirituelle, bâti sur une culture de tradition et de respect, armé d’une réflexion sur l’homme et son histoire, Sylvain revient sur la terre de ses ancêtres en 2006 et décide de réinvestir la forge de son grand-père mais à sa façon !

A son arrivée, il décide de continuer à pratiquer la photo et comme il souhaite rester dans le Sud-Ouest, il se tourne naturellement vers l’univers du Surf. Il choisit de se former en infographie et s’installe comme indépendant. « Et puis, il y avait ce lieu patrimonial, acquis par mon arrière-grand-père qui m’interpellait. C’est une chance d’avoir cet endroit qui nous vient de nos parents et grands-parents. »

Sa maîtrise d’histoire lui livre une lecture de l’évolution de notre société ; alliée à sa passion pour l’environnement et son expérience de la vie californienne, elles vont traduire l’esprit que Sylvain souhaite donner à ce patrimoine familial. « Là-bas, en Californie, ce type de lieu existait déjà. Quand j’allais surfer dans le Pacifique, j’aimais aller prendre un café dans le Santa Monica Market. C’était un endroit incroyable : à la fois un marché, un endroit pour prendre un verre, un endroit de fête et de partage, entre amis, en famille. La Forge Moderne prenait vie ! « La Forge », parce que c’est là que mon grand-père tapait et créait des pièces uniques et « Moderne » parce que je crois que ces pratiques du passées sont aussi des pratiques d’avenir ! »

En 2008, il lance d’abord l’association En bas de chez vous pour montrer qu’il y a un quartier vivant au pied de la ville, pas dans la « belle pierre » mais qui permet une liberté totale ! Six soirées sont organisées autour de thèmes et de manifestations très différentes : happening d’artistes, combats de catch mexicain sous une tente, battles de graphs sur les murs, soirée avec Surfrider Foundation avec nettoyage des bords de l’Ousse. « On ne s’interdisait rien ». Dès la première, ils reçoivent 600 personnes. Sylvain marche d’instinct, fait avec son coeur et ses tripes et ça marche ! Un pied en Béarn, un esprit libre, du bon sens, des connections mondiales, il avance. En parallèle, Sylvain monte une Start Up Swap & Surf sur l’échange collaboratif entre surfeurs du monde entier « si un surfeur de Biarritz et un surfeur australien veulent se déplacer, plutôt que de louer, ils peuvent se connecter et échanger leur lieu d’habitation ».

Mais il veut aller plus loin : faire de cet endroit un lieu festif avec une programmation d’événements éclectiques, un tiers-lieu où se mêlent vie culturelle, sociale et économique. « J’avais envie d’utiliser des pratiques du passé, des outils d’aujourd’hui, de prendre mon temps, de créer une communauté qui pense comme nous et qui a les mêmes envies, voilà tout l’enjeu de La Forge Moderne. Nous souhaitions créer un lieu joyeux, collaboratif et attractif ». Sylvain est en avance sur son temps, il sent le mouvement qui s’opère. « J’ai passé ma vie en montagne et sur l’océan, j’ai un vrai lien avec l’environnement. J’ai des convictions viscérales et je suis béarnais donc un peu têtu « cabourrut ». Donc, quand j’ai une idée en tête, je ne la lâche pas ! ». Il avait raison, d’autres tiers-lieux emblématiques vont s’ouvrir en France.

En 2012, le projet Darwin voit le jour à Bordeaux où des riverains et associations de quartier se mobilisent pour racheter les 10.000m2 des bâtiments longtemps caractérisés de « malfamés » pour y pratiquer de multiples activités innovantes et éco responsables. Plus tard en 2014, la ReCyclerie dans l’ancienne gare Ornano au nord de Paris, oasis de verdure, cantine bio, lieu d’échange, pour faire la fête ou réparer son vélo. En 2016, dans d’anciens locaux industriels et agricoles près de Montpellier, naitra le Marché du Lez : Hot-spot créatif qui regroupent commerces, brocanteurs, marchés de producteurs, restaurants, foodtrucks, startups, animations et évènements, expositions…

En 2014, il est rejoint par son frère Pierre, qui rentre lui aussi de 10 ans d’expatriation. La Forge Moderne prend son envol. « Ça n’a pas été facile, au départ il y avait un garagiste, avec des voitures partout et des monticules de moteurs. On a commencé par faire un événementiel pour se reapproprier l’endroit et faire partir le garagiste. À l’époque, mon père gérait le foncier, mais il nous a écouté et nous a laissé faire. Aujourd’hui, il a 80 ans, il est toujours avec nous, présent à chaque manifestation ».

C’est un village d’artisans avec 16 locaux. La proposition culturelle et artistique est variée et en parfaite cohérence avec le lieu : spectacle de danse, marchés d’artisans, projection de film sur le folk, l’orchestre de Pau joue du Bowie, dimanche festif avec un DJ. « On a un mélange de publics toutes générations et d’univers très différents qui, à Pau, ne s’est jamais vu. C’est sans doute pour cela que la ville et l’agglo nous soutiennent ».

Le « quartier du bas » est en train de se développer. Sylvain et son frère apporte une jolie pierre à cet édifice en développant, au sein de ce futur éco-quartier, un lieu hybride qui accueille des ateliers d’artisans et propose des événements variés, singuliers, décalés parfois, toujours festifs et réjouissants qui drainent un public toujours plus grand.

Pour la saison à venir, la programmation prévue était riche et originale : « La forge Moderne en roue libre » qui mettait en avant des acteurs en lien avec « la roue » : une exposition photos de gens de Détroit, une auteure journaliste américaine, qui entraine la première équipe féminine afghane de vélo, un jeune nigérian qui a lancé une communauté BMX à Lagos pour aider et soutenir la jeunesse locale. La période actuelle a stoppé les programmations à venir, mais les promesses sont là ! Dès que possible la Forge Moderne reprendra ses activités. Alors si le coeur vous en dit, si la curiosité vous chatouille, vous pouvez les suivre via les réseaux sociaux. Nulle doute que Sylvain, en faisant le lien entre sa région d’origine et celles rencontrées lors de ses différents périples, en créant des rencontres originales, en faisant se mêler des publics différents, est un ambassadeur engagé et inventif pour notre territoire…

 

 

SYLVAIN GARMS, AMBASSADEUR DU BEARN